Sunday, April 20, 2008

Dans le reflet des choses




Il pleut dans une flaque

Petites gouttes frêles, microcosmes

Les feuilles s'étirent





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Tuesday, April 15, 2008

Retrouver le Temps du Rêve


"Je sais qu'il y a certains rêves où on a l'impression de se souvenir, et on croit que ce dont on se souvient est vrai, puis on se réveille et on doit conclure, à contrecoeur, que ces souvenirs n'étaient pas les nôtres. Nous rêvons à de faux souvenirs. Par exemple, je me rappelle avoir plusieurs fois rêvé que je rentrais enfin dans un appartement où, depuis longtemps, je ne me rendais plus, mais où j'aurais dû revenir de temps en temps : c'était une sorte de pied-à-terre secret où j'avais vécu et laissé beaucoup de mes affaires personnelles. Dans mon rêve, je me rappelais parfaitement chaque meuble et chaque pièce de cet appartement, et au pire je m'irritais car je savais qu'il devait y avoir, après le salon, dans le couloir allant vers la salle de bains, une porte qui ouvrait sur une autre pièce, mais la porte n'était plus là, comme si quelqu'un l'avait murée. Ainsi, je m'éveillais plein de désir et de nostalgie pour mon refuge caché mais, à peine m'étais-je levé, je me rendais compte que le souvenir appartenait au rêve, et je ne pouvais me rappeler cette maison parce que - du moins dans ma vie - elle n'avait jamais existé. Tant et si bien que souvent j'ai pensé que dans les rêves on s'empare des souvenirs d'autrui."


Umberto Eco
La Mystérieuse flamme de la reine Loana

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Friday, April 11, 2008

Dans une vaste maison entourée d'étangs et de roseaux

Parfois, la scénographie et la mise en scène prennent une importance capitale dans la représentation d'une pièce de théâtre. Il semblerait que ce soit un des partis pris de Jean-Louis Benoît, directeur de La Criée de Marseille, avec son spectacle Le Temps est un songe. Cela additionné au fait de vouloir sortir de l'oubli un auteur dont on ne parlait plus guère, Henri-René Lenormand.
L'utilisation de la vidéo paraît souvent incontournable au théâtre aujourd'hui. Ici, son emploi est d'une finesse et d'une intelligence rares. En effet, l'intrigue de la pièce est présentée de manière multiple : en miroir tout d'abord, par l'intermédiaire de vitres aux propriétés réfléchissantes, et en double, par le biais de la projection vidéo des différentes scènes. Le tour de force réside en ceci : l'enchaînement des péripéties est proposé soit de manière synchrone, soit en différé, soit légèrement en avance. Et on se laisse bercer par cette magie subtile. Voilà pour la forme.




Il y a aussi le fond. Le Temps est un songe sonne bien sûr à nos oreilles comme une redite de La Vie est un songe, sauf qu'ici il est bien question du temps, aussi bien celui qui s'écoule que celui qu'il fait.
Le ciel et ses caprices, l'environnement et ses visages, ont une influence considérable sur l'humeur, la santé, et les espoirs des protagonistes. C'est cela même qui détermine le destin de chacun. L'envie de vivre ou non est affaire de hauteur de roseaux.
Le temps enfin, acquiert des dimensions multiples. Comme une leçon de relativisme, on réalise que passé, présent et futur coexistent dans un même jardin. Nous nous promenons au milieu de cette flore. Mais derrière nous quelqu'un tend une toile, en sorte que nous ne voyons pas les fleurs du passé. De même, devant nous, quelqu'un d'autre tend une toile du même acabit, tant et si bien que nous n'apercevons pas les fleurs du futur.
C'est dans cette étrange navigation sur les eaux de la destinée, inexorable ou pas, que l'on s'embarque pendant deux heures.



Le texte est disponible chez L'Avant-Scène Théâtre.


Dossier pédagogique sur le site du CRDP d'Aix-Marseille :

http://www.crdp-aix-marseille.fr/spip.php?article247


Des extraits de la pièce :

http://www.lequai.tv/fr/bdd/video_id/117

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Thursday, April 03, 2008

Palomar


[...]
Un regard lent, chargé de désolation, de patience et d'ennui, un regard qui exprime toute la résignation ressentie à être ce qu'on est, l'unique exemplaire au monde d'une forme qu'on n'a pas choisie, qu'on n'aime pas, toute la fatigue de supporter sa propre singularité, toute la peine d'occuper l'espace et le temps par sa propre présence, si encombrante et si voyante.



Italo Calvino.

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