Sunday, January 27, 2008

Claude Ponti...celli

Il y a des livres de jeunesse qui sont purement dédiés aux enfants. Ils ont souvent le défaut d'être plats, inintéressants et pauvres pour des yeux plus âgés. Et il y a des oeuvres pour apprentis lecteurs qui ont toute leur place dans des biblothèques plus mûres.

Il y a donc Claude Ponti. Un homme qui décide de faire un livre d'artiste pour la naissance de sa fille Adèle, et qui finit par devenir la référence de l'imagination enfantine.
Avec une structure narrative linéaire, il emmène ses lecteurs dans des univers tout à la fois décalés, fantaisistes, oniriques, surréalistes et poétiques.

Jalonnée de clins d'oeil, son oeuvre regorge de références à ses propres personnages, mais aussi à une culture et à la mémoire collectives.

Claude Ponti fait confiance à son lecteur : il lui donne des pistes, il lui raconte des choses qui parfois le dépassent et l'invitent ainsi à revenir, dans un ballet de relectures. Et à s'ouvrir aussi à de nouvelles voies littéraires. On ne peut pas tout cromprendre. Mais il y a une gradation dans le cryptage. Chacun y trouvera son cadeau...
Je ne le découvre que tardivement, et pourtant j'apprécie ses albums comme si je faisais partie de son public de destination. Sûre que dans ma tendre enfance, ils auraient trouvé comment y résonner...

"C'est jamais trop quand c'est bien".
Blaise et le robinet.

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Tuesday, January 15, 2008

Et l'objet tue le regard



Une pièce de théâtre, ça prend tout de suite, ou ça ne prend pas. Et quand ça prend, ça vous emporte, et ça ne vous lâche pas. Cliché mis à part, il faut vraiment qu'une pièce soit exceptionnelle, avec un texte magnifique, une mise en scène saisissante, une scénographie astucieuse et élégante, et des acteurs somptueux pour que la magie s'installe et que les spectateurs soient capables d'être attentifs et passionnés pendant 3 heures sans entracte.


Dans le cas de l'Othello de Gilles Bouillon, d'après une traduction de André Markowicz (disponible aux éditions Les Solitaires Intempestifs), le contrat est rempli, immensément rempli.


La pièce de Shakespeare date de 1604. Inutile de redire à quel point elle est encore contemporaine. Le poète veut nous parler de jalousie bien sûr, mais pas que : il est avant tout question de confiance. De la confiance entre les amants, entre un père et sa fille, entre un général et son lieutenant, entre le public et le premier acteur à entrer en scène. Le premier acteur est Iago. Le mot qui revient le plus souvent à son propos tout au long du texte est : honnête. Honnête Iago, qui est tout sauf honnête. Car Iago est perfide, Iago est la perfidie faite homme. C'est pourtant lui qui va prendre à partie le public dès le début de la pièce, et pis que cela, il va se mettre le public dans la poche. Car ce dernier rira des tours tragiques que Iago jouera à ses maîtres et rivaux, au gré de son bon plaisir. De temps à autre, il se frottera les mains anxieusement, les examinant à la lumière d'une lampe, comme s'il avait vaguement conscience de leur noirceur.

Le jeu des relations humaines est un jeu de dupes. Il y a l'être et le paraître, et l'on feint souvent de prendre le second pour le premier. Le drame se produit quand le doute s'immisce. Voilà tout l'argument de la pièce. Pour le reste, il faut le lire, il faut le voir.


« Maintenant qu’est-ce qu’Othello ? C’est la nuit. Immense figure fatale. La nuit est amoureuse du jour. La noirceur aime l’aurore. L’Africain adore la Blanche. Othello a pour clarté et pour folie Desdemona. » V. Hugo




Des extraits :


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