Wednesday, November 28, 2007

Une soirée au spectacle


L'insomnie me gagne. Dans cette torpeur, les images sommeillent. Les épouvantes se taisent. Fulligineuse terre d'ombre. Poussière d'oubli. Recouvrir tout cela. Du sable sur tout cela. Ce soir, le seul danseur sera le sable. Dans cette immobilité. Dans cette incompréhensibilité. Dans cet ennui.

Mouvements au ralenti. Narration plane. Humour scabreux. Noir. Applaudissements. Bravos. Vivats. Snobisme affligé. Je me lève.

Et chacun est attiré par les images interdites. On rit, plein de malice. On rit, plein de gourmandise. L'acteur crache à terre. Expulse des noisettes. Triture des oeufs. Coupe de la glaise. La jette, la piétine. Le public en jouit.

Passe le temps, lentement. Une heure, le spectacle aurait dû être dense. Que nenni. Il n'y a rien. Rien ne se passe. Rien ne se déplace. Je consulte ma montre. Tout le gratin est là. Le monde chorégraphique. On applaudit vraiment n'importe quoi.

Un amour de ma vie est dans la salle. Nous faisons mine de ne pas nous voir. Peut-être que nous nous (re)croiserons un jour. En attendant, nous baissons les yeux, tout à nos nouvelles vies. Le spectacle est fini. Applaudir ou pas. Se retenir de siffler, de huer, de conspuer ce rien pour lequel j'avais déboursé des fonds.

Les lumières se rallument. Sortir, vite. Eviter cet amour qui est allé fumer dans la rue. Battre le pavé de mes talons qui courent. Monter dans la voiture qui m'attend. Rentrer chez soi.

Fin de la ballade.

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Monday, November 19, 2007

Michel Kelemenis fête la danse, et ses 20 ans


C'est pour célébrer ses 20 ans en tant que chorégraphe que Michel Kelemenis investit Marseille et ses environs.

Pour le moment, l'article sert surtout à vous avertir des jolies choses potentielles à venir. Nous sommes en pleine découverte de ce monsieur, et ça s'annonce particulièrement intéressant...


Tattoo vient d'être présenté en répétition publique puis à Martigues. Il a été créé en collaboration avec le BNM où le chorégraphe a posé ses idées pour un temps. Le thème du spectacle est le travail de la pointe, volontairement ancré dans le corps de la danseuse.


La pointe, outil technique.

La pointe, prolongement du corps.

La pointe, inscrite dans le corps.

La pointe et la danseuse comme un tout indissociable, une marque intemporelle évidente, comme un tatouage, un Tattoo.


Librement consentie, elle se démarque d'une prothèse ou d'un simple rajout de matière. Pour autant, M.Kelemenis se refuse à exploiter la pointe académiquement. Il la renouvelle. La rend audible telle le stylet du tatoueur.


La danseuse n'est plus réduite à un être éthéré. C'est quelqu'un de profondément libre qui a fait des choix éclairés. Elle mène la danse.


M.Kelemenis nous est apparu comme quelqu'un de fin et d'inspiré. La suite reste pour le moment ouverte.


Tattoo sera représenté en Mai 2008 à l'Opéra de Marseille.
http://www.marseille.fr/vdm/cms/accueil/culture/opera/programme/pid/795


Le reste de la programmation est disponible ici :

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UBU ROI, M.e.s. Ezequiel Garcia-Romeu


Alfred jarry a écrit cette pièce à 15 ans, pour des marionnettes. Le contenu est un peu délirant. La mise en scène l'est carrément.

Alors oui, la scénographie est très riche, l'espace se décline en plusieurs plans. Les personnages sont à la fois des êtres de chair, des pantins articulés, des images projetées, des ombres chinoises, leurs propres ombres.

Et pourtant la scène et la salle sont réduites. Peut-être pour renforcer cette accumulation, cette profusion.

Ubu est déchaîné. La pièce va très vite (1H15 et ainsi font font font les petites marionnettes, trois petits tours et puis s'en vont).

De l'humour certes. Mais esthètes, méfiez-vous. Du propre aveu du metteur en scène : "tout y est soumis aux règles de la laideur, du grotesque et de la démystification, aucune place n'est accordée au rêve ou au tableau harmonieux".

Mais si vous n'avez pas peur des "sarbres à merdre"...
Au théâtre de la Criée à Marseille
www.theatre-lacriee.com

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