Une soirée au spectacle

L'insomnie me gagne. Dans cette torpeur, les images sommeillent. Les épouvantes se taisent. Fulligineuse terre d'ombre. Poussière d'oubli. Recouvrir tout cela. Du sable sur tout cela. Ce soir, le seul danseur sera le sable. Dans cette immobilité. Dans cette incompréhensibilité. Dans cet ennui.
Mouvements au ralenti. Narration plane. Humour scabreux. Noir. Applaudissements. Bravos. Vivats. Snobisme affligé. Je me lève.
Et chacun est attiré par les images interdites. On rit, plein de malice. On rit, plein de gourmandise. L'acteur crache à terre. Expulse des noisettes. Triture des oeufs. Coupe de la glaise. La jette, la piétine. Le public en jouit.
Passe le temps, lentement. Une heure, le spectacle aurait dû être dense. Que nenni. Il n'y a rien. Rien ne se passe. Rien ne se déplace. Je consulte ma montre. Tout le gratin est là. Le monde chorégraphique. On applaudit vraiment n'importe quoi.
Un amour de ma vie est dans la salle. Nous faisons mine de ne pas nous voir. Peut-être que nous nous (re)croiserons un jour. En attendant, nous baissons les yeux, tout à nos nouvelles vies. Le spectacle est fini. Applaudir ou pas. Se retenir de siffler, de huer, de conspuer ce rien pour lequel j'avais déboursé des fonds.
Les lumières se rallument. Sortir, vite. Eviter cet amour qui est allé fumer dans la rue. Battre le pavé de mes talons qui courent. Monter dans la voiture qui m'attend. Rentrer chez soi.
Fin de la ballade.
Labels: Danse
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